Les chasseurs d’appartements : un phénomène pérenne ?

La Fédération nationale des chasseurs immobiliers vient de fêter ses 10 ans d’existence. L’occasion de s’interroger sur la place qu’occupent aujourd’hui les chasseurs d’appartements. Une décennie après leur arrivée remarquée sur le marché immobilier, ces agents très spéciaux incarnent-ils une simple tendance éphémère, ou sont-ils installés pour durer – au moins aussi longtemps que la pierre dont ils ont fait leur métier ?

Les chasseurs d’appartements, agents d’une indéniable mode

À quel moment sait-on qu’un sujet est devenu une mode ? Quand il occupe une place grandissante dans les médias. À ce petit jeu-là, il est indéniable que les chasseurs d’appartements apparaissent comme les incarnations d’une tendance qui est en train de devenir virale.

Le fait qu’ils aient aujourd’hui une émission à leur nom, menée par l’inénarrable Stéphane Plaza, diffusée en access prime-time sur M6, en est une preuve éclatante : les chasseurs d’appartements ont trouvé leur place dans l’imaginaire des consommateurs. Parce qu’ils répondent à des besoins nouveaux exprimés par les clients, besoins qui ne sont pas, ou plus, pris en compte par les traditionnelles agences immobilières.

Le phonème qui touche l’immobilier de télévision s’apparente au parcours qu’a suivi le monde de la cuisine ces dernières années : élevée au rang de tendance bobo (« Un dîner presque parfait »), la gastronomie a profité d’un réel engouement qui s’est lui-même transformé en phénomène pérenne. Des vocations sont nées, les candidats de ces émissions ont ouvert des restaurants. Et, au final, c’est tout l’univers de la gastronomie qui en bénéficie.

Les chasseurs immobiliers suivront-ils le même chemin que les cuistots d’hier ?

Un métier qui s’appuie sur les mutations du marché

L’ascension fulgurante de la profession ne doit pas faire oublier qu’elle n’est pas née ex nihilo. Traditionnellement très fermé, le métier de la pierre n’autorise que rarement des intrusions aussi manifestes dans son pré carré : les évolutions apportées par le numérique ont été intégrées doucement, prudemment, par un marché qui a toujours considéré la nouveauté avec une certaine hauteur. En cela, les professionnels de l’immobilier ont quelque peu raté le virage du digital, laissant le champ libre aux pure players pour le développement de plates-formes qui ont petit à petit gagné en pouvoir… Sans prêter allégeance aux bonnes vieilles institutions immobilières.

Les chasseurs d’appartements sont apparus dans ce contexte d’affrontement larvé entre les Anciens et les Modernes – professionnels physiques dans un coin du ring, acteurs du web dans l’autre. En s’appuyant largement sur les technologies digitales, ils ont ouvert des agences avant-gardistes, pleinement connectées, et ont repris la main sur un secteur hétérogène menacé par l’éclatement.

Leur force s’est concentrée sur la globalisation des méthodes (mise en place de réseaux de diffusion et d’exploitation profitant de tous les canaux existants) et la personnification de leurs services, dédiés au seul acquéreur.

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Une profession novatrice qui ouvre grand les portes de la modernité

Si une tendance s’est développée autour des chasseurs d’appartements, c’est avant tout du fait de leur approche novatrice du métier. En mettant l’acheteur sur le devant de la scène, sans pour autant reléguer le vendeur en coulisses, ils ont su s’adapter à un phénomène qui a échappé à quantité d’autres professionnels du secteur : désormais, avec Internet et les plates-formes de particuliers à particuliers, l’acquéreur revendique ses droits. Lui aussi souhaite qu’on s’occupe de lui. Après tout, acheter un logement, n’est-ce pas une étape fondamentale dans une vie ?

En donnant une place nouvelle à l’acheteur, les chasseurs immobiliers ont contribué à présenter un service à visage humain, et à mettre en valeur cette étape qu’est l’acquisition d’un bien immobilier. Il ne s’agit plus seulement d’investir dans la pierre, mais de trouver un espace de vie rien qu’à soi, à la mesure de ses attentes et – osons le mot – de ses rêves. Il ne s’agit plus seulement de conclure une transaction, mais de dessiner une passerelle entre un acheteur et son futur nid douillet.

Pour mener à bien ses missions, le chasseur immobilier valorise les outils digitaux : logiciels qui scannent Internet jour et nuit à la recherche des biens mis en ligne, ordinateurs qui offrent une réactivité déterminante (la rapidité est un critère majeur dans une grande ville comme Paris, où les biens s’échangent souvent avant même d’être officiellement sur le marché). Tout en laissant une grande place à la relation humaine, puisque le travail du chasseur consiste, via des réseaux bien constitués, à mettre la main sur des biens d’exception avant tout le monde.

Le métier n’a donc rien d’une mode éphémère. Les chasseurs immobiliers ont su s’inscrire dans une dynamique pérenne, accaparant une place jusque là inoccupée ou mal occupée. Difficile de dire si Stéphane Plaza a contribué à générer des vocations ; mais ce qui est certain, c’est que la profession est aujourd’hui bien plus que l’incarnation d’une émission de télévision.