Comment j’ai découvert le principe des cabines fumeurs

Si les alchimistes d’autrefois ont toujours échoué à changer le plomb en or, les ingénieurs de l’ère moderne ont, eux, réussi leur pari : transformer la fumée en billets de banque ! Leur astuce ? Surfer sur les lois anti-tabac dans les lieux publics, qui se sont imposées dans plusieurs pays d’Europe et aux États-Unis, et proposer des solutions en phase avec cette nouvelle politique sanitaire : ce sont les cabines fumeurs.

Quand les petits plaisirs partent en fumée

Destinée à réduire en France la consommation de cigarettes, la loi anti-tabac (voir les détails ici) s’est d’abord appliquée à tous les lieux publics début 2007, avant de s’étendre, à partir de l’année suivante, aux établissements qui s’étaient vus accorder un délai : les bars, bars-tabacs, restaurants, discothèques et casinos.

Depuis lors, il y a ceux qui pleurent – les fumeurs, obligés de sortir du café ou de leur bureau pour aller s’en griller une. Et il y a ceux qui rient : les entreprises qui ont mis sur pied des solutions pour que les clients des bars et des restaurants puissent continuer à assouvir leur petit plaisir.

Ces sociétés ont alors développé un marché qu’on n’imagine à peine : celui des cabines fumeurs. Un commerce qui a connu son heure de gloire à partir de 2008 et qui continue de s’étendre, certes un peu plus discrètement, équipant certains de nos établissements préférés.

Une solution qui fait un tabac !

Personnellement, je n’avais jamais croisé de cabines fumeurs jusqu’à tout récemment. J’avais rejoint des amis dans un bar de Paris où un copain fêtait son anniversaire. En arrivant sur place, j’ai remarqué qu’en face de l’entrée, au milieu de la petite ruelle piétonne dans laquelle est situé l’établissement, quelqu’un avait élevé une sorte de tente avec des fenêtres.

Curieux, je suis entré à l’intérieur pour y trouver la majorité de mes amis en train de s’intoxiquer joyeusement. Le plus étonnant, c’est que sous cette tente, ils avaient tout le confort imaginable : petites tables sur lesquelles étaient posés leurs verres, cendriers, et même fauteuils en cuir. Même pour moi qui ne fume pas, l’air n’était pas complètement vicié par la fumée.

Comme je connais un peu le patron, j’ai mené ma petite enquête. Il m’a expliqué avoir consulté des dizaines de prestataires de cabines fumeurs pour trouver ce modèle idéal, pas trop petit ni trop grand. Les types sont venus lui montrer l’installation et il a pu y faire monter un système d’extraction de l’air pour que la fumée n’étouffe pas les utilisateurs.

Et pourquoi pas un banal fumoir intérieur ? (C’est moi qui ai posé la question.) Et en la posant, j’ai regardé autour de moi : nous sommes à Paris, les espaces locatifs sont minuscules. Non seulement un fumoir aurait occupé la moitié du bar, mais en plus ces travaux (avec installation d’un système d’aération complexe) lui aurait coûté un prix délirant.

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Des cabines fumeurs flexibles et modulables

Vous me connaissez : j’aime bien en savoir plus. De retour chez moi, j’ai poursuivi mon enquête. Les cabines fumeurs ont permis a de nombreux gérants de conserver leur clientèle fumeuse.

Et il faut avouer que c’est très malin. Ces tentes sont parfaitement étanches et peuvent être personnalisées à l’envi, histoire de reproduire à l’identique le bien-être d’un intérieur cosy. Elles s’apparentent aux fumoirs que l’on trouve dans certains établissements, mais sans l’inconvénient de l’aménagement et du coût très élevé de cette opération, notamment pour l’aération.

Au boulot, j’ai ce collègue qui est un gros fumeur, du genre à sortir tous les demi-heures pour aller s’injecter du tabac dans les poumons (il paraît qu’il stresse trop au travail, c’est pour ça). Il me disait que sa précédente boîte avait installé des cabines fumeurs dehors, et qu’il y avait plein d’avantages :

  • Pas besoin de rester dans le froid et les intempéries en hiver (les tentes sont chauffées)
  • Beaucoup plus confortable que de rester debout (avec des sièges intégrés)
  • On ne gêne plus les passants, qui autrement se prennent la fumée dans la figure alors qu’ils marchent tranquillement sur le trottoir
  • Et pas de mégots par terre : les gens sont moins aptes à les jeter sur le plancher de la cabine que sur le bitume

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Un business qui a de l’avenir

Les premiers à avoir lancé leur business avec l’idée des cabines fumeurs étaient malins. Ils répondaient ainsi à une demande inquiète des patrons d’établissements, surtout depuis que le gouvernement a exprimé sa volonté d’interdire également, un jour ou l’autre, les terrasses fermées, dans lesquelles les fumeurs avaient recréé leur espace de convivialité.

Et le marché potentiel, limité dans le principe, reste énorme : après les bars, les cafés, les entreprises et les restaurants, il restera encore à équiper les centres commerciaux, les gares, les aéroports, y compris dans les pays du monde qui aujourd’hui ne sont pas soumis à des lois anti-tabac strictes, mais qui le seront peut-être demain.

Et qui sait, peut-être inventerons-nous bientôt des cabines fumeurs à installer dans le trains et les avions ? De quoi donner l’idée à des entrepreneurs ambitieux de griller la concurrence !

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